JC et moi avons eu la chance d’être sélectionnés pour OtillO, le 1er septembre en Suède. OtillO ccorrespond aux championnats du monde de SWIMRUN : 65 km de trail et 10 km de natation, sur un archipel suédois.
Histoire d’y aller un peu préparés, je lui ai proposé de faire un vrai test en participant à l’Engadin Swim run, 1ere course de ce genre organisée hors de Suède…
Parce que dans l’idée, OtillO, c’est sympa de se dire que l’on va nager / courir sur un archipel suèdois, mais quand on regarde de plus près : l’eau qui est entre 12 et 16 degrés nous incite fortement à porter une combinaison pour la natation, la course à pied à courir avec des chaussures, .. ce qui donne finalement : courir en combinaison et de nager avec les baskets et un sac à dos quand même pour le matériel obligatoire (balise GPS, straps, eau, ..).
Donc même si j’ai eu la chance d’avoir les conseils d’un couple de Français (merci Sandrine !) qui avait déjà participé à cette course, il faut quand même faire des tests pour savoir quelle paire de chaussure coule moins, si oui ou non il faut des chaussettes, si on coupe la combinaison (snif..) et comment (les jambes ? les bras ? au dessus du genou ? en dessous ? ). Quel sac à dos on prend pour qu’il ne prenne pas trop d’eau ?
Est-ce qu’on s’attache dans l’eau ou non ? C’est presque une obligation en Suède de s’attacher car entre les vagues et les courants, il est facile de perdre son coéquipier..
Et à quoi sert le pull boy que l’on trouve attaché aux jambes de beaucoup de partcipants ? à faire flotter les jambes qui ont tendance à couler avec les baskets..
ENGADIN, Suisse, 11 juillet
La veille de la course, on teste l’eau à Silvaplana (village d’arrivée) pour savoir si JC prendra la courte ou la longue. Moi j’ai déjà opté pour une combinaison sailfish de triathlon, longue et coupée juste au-dessus des mollets (car c’est pour moi impossible de courir avec une combinaison entière). Les équipes françaises normandes nous informent que l’eau est à 9,8° - c’est sans doute pour cela que JC n’arrive pas du tout à rentrer avec la combi courte, et qu’il optera pour la combinaison longue. Ça tombe bien, sur nos tests au lac de Peyrolles à Aix en provence , il n’a couru qu’avec la courte.. ce n’est pas la même température, c’est sûr !
Samedi 12 juillet, départ de la course à 8h00.
Du coup, nous attendent : 6 km de natation / 45 km de trail avec 1500de D+.
Au départ, 100 équipes de 2. Le départ est donné. Nous partons assez tranquillement dans le paquet, car le but est d’essayer de finir la course avec les limites de temps assez dures, et les c onditions qui ne sont pas faciles non plus. Rapidement ça bouche dans le single, et on entend les équipes calculer qu’au rythme où l’on va, on sera sans doute très très limite pour les barrières horaires.. C’est vrai que ça risque d’être tendu, mais on commence par la portion qui grimpe le plus et la plus technique, pour arriver à un lac en altitude.
Le but est de faire des transitions assez rapides, car on peut rapidement perdre du temps à refermer la combi, remettre les plaquettes, le bonnet, la cagoule,..
On décide de ne pas s’attacher pour la première natation car il n’y a que 270m. Je me rends compte très vite que la natation risque d’être notre point fort, car nous doublons toutes les équipes parties un peu avant nous, et aucune ne nous double. C’est assez rassurant parce que j’avais l’impression de ne plus savoir nager avec le sac à dos et les baskets ! mais c’ est sans doute pour tout le monde pareil. Et nous avons juste la chance de nager à un lac à 2300m d’altitude, ou personne ne vient jamais entourés des montagnes incroyables!
Après la natation, ça redescend pour aller chercher la deuxième section natation. On se fait rapidement doubler dans la descente, le temps de se remettre en jambe. Mais sachant que les sections natation vont être de plus en plus longues, et que nous sommes des diesels, nous les rattraperons assez facilement ensuite.
La deuxième natation, 550m. JC s’attache derrière moi pour que l’on suive tous les 2 la bonne trajectoire. L’eau est vraiment froide, mais les sections natation sont assez courtes pour l’instant donc on n’a pas le temps de trop se refroidir.
J’avais pris l’option « Sans chaussettes» car c’est encore plus lourd dans l’eau. Pendant les tests que j’avais fait, je n’avais eu aucun irritation. Et là pourtant, au bout de 5 km je sens déjà que ça risque d’être douloureux, très douloureux au niveau du talon. Comme on n’a aucun autre solution, l’idée c’est d’essayer de ne pas y penser.. mais chaque entrée et sortie d’eau est assez comique du type « marche sur des œufs» !
Au fur et à mesure, même sur les portions de trail, on reprend quelques équipes, souvent des équipes masculines, et pas mal de Français. Nous faisons le choix de courir le maximum possible (dans les descentes, sur le plat, sur les faibles pentes) peut être lentement mais le plus possible. Dans certaines montées très raides, inutile de préciser que nous ne pouvons faire autrement que marcher.
A la 4e natation de 920m, nous voyons bien qu’en plus d’avancer assez bien, notre point fort est aussi la direction que nous prenons. En gros on essaie de tirer droit au maximum, quand on voit des équipes aller un peu dans toutes les directions. A la sortie de la natation, JC nous fait un « je ne sais plus où j’habite », il perd son matos, et n’arrive plus à courir droit. Il nous faut un petit temps d’adaptation entre la sortie de la nage et la course à pied, puis c’est reparti.
Bientôt un français nous dit qu’il pense que nous sommes 2e ou 3e mixte. Et mince, ça va mettre la pression cette histoire, alors que nous n’étions pas venus pour faire une perf spécialement.. ! En plus, partis assez loin dans le peloton, nous ne nous sommes pas vraiment rendu compte du nombre d’équipes doublées. Peu importe nous continuons sur notre rythme. Au ravitaillement il y a 2 techniques :
-JC qui boit 6 verres de boissons iso et 3 ou 4 gels (je ne sais pas comment il fait pour integrer tout ça sans soucis..)
-et moi qui prends un morceau de banane et 1 verre de boisson. En fait je crois que j’ai tellement mal aux talons avec mes ampoules, que je ne peux pas ingerer grand-chose, je suis passée en mode « machine » , je veux juste que l’on arrive le plus vite possible pour pouvoir enlever ces chaussures.
Une équipe mixte nous rattrape à ce moment dans la course à pied, puis nous les reprenons sans vraiment accélérer. Au milieu des champs plein de bouses de vaches, nous doublons une équipe de sympathiques français. « et donc c’est plus dur que le Norseman » ? « c’est quand même bien différent, mais ce qui est sûr c’est que c’est loin d’être plus facile ! ». L’un des 2 teste le plongeon dans la bouse, c’est vrai que le parcours est plein de trous, il faut faire assez attention !
Tous les randonneurs ou les spectateurs de la course nous encouragent quand nous les croisons. « we look strong » il paraît. (traduction pour ma maman : « vous avez l’ai fort »). Tant mieux parce que ce n’est pas fini !
On ne peut pas dire que les descentes soient le grand dada de JC, et il parait que je suis patiente mais je ne cesse de lui proposer d’agrandir sa foulée quand même. Je finis par reprendre le sac que je ne quitterai plus jusqu’à la fin.
Il nous reste encore les 2 natations les plus longues, et dans l’un des lacs les plus froids.
1,4km, on ne voit même pas l’arrivée, du coup on suit les concurrents qui sont déjà partis. Il n’y aura qu’une équipe sur tout le parcours nous doublera en natation, mais vraiment plus vite !
Les 1,4km semblent interminables, surtout qu’à moment donné on sent vraiment le froid qui prend tout le corps et la sensation de nager en tremblant est tout sauf confortable. C’est à la fin de cette natation que beaucoup d’équipes auront vraiment souffert d’hypothermie, et abandonneront aussi.
Nous avons eu la chance de garder la combinaison longue ou semi longue, qui même si elle est pas du tout pratique pour la course à pied, nous protège un peu plus du froid.
Après la natation suivante, de 1,2km, je propose à JC de ne plus s’attacher derrière moi car j’ai vraiment du mal à nager, j’ai l’impression de ne plus avoir de forces. Heureusement que pour lui ça va encore en natation.
Sur la fin du parcours, nous doublons encore quelques équipes qui marchent, nous en croisons qui abandonnent et profitent des couvertures de survie. Nous gardons la motivation pour courir toujours un minimum jusqu’ à la fin du parcours, dans les montées et les descentes.
Et finalement, nous arrivons ! 13 e au scratch, autant dire que c’est une place inespérée, 3e mixte derrière des équipes très fortes et aussi très sympathiques !
Sur les 100 équipes au départ, seules 53 ont passées les barrières horaires et ont terminé la course.
Les organisateurs avaient annoncé une course difficile, ils avaient sans doute peser leurs mots !
En tout cas c’était une très belle aventure, cela nous a permis de croiser des Français que l’on connaissait (Nico, Christophe, Philippe), et d’autres aussi très sympathiques !
A retenir pour OtillO : trouver autre chose que ce sac qui prend toute l’eau, couper la combi au dessus du genou (il ne pourra faire que moins froid nous ont dit les suédois), et surtout mettre des chaussettes pour moi !!!
Ne pas changer de coéquipier, car on s’est bien marré !